Avant de commencer
Choisir entre une SCI à l’IR, une SCI à l’IS, une SARL de famille ou une SAS engage durablement ta fiscalité, ta trésorerie et ta stratégie patrimoniale. Ce guide propose une lecture opérationnelle : quand utiliser chaque structure, quel impact sur le cashflow, la plus-value, la transmission et le pilotage quotidien.
Panorama rapide des formes
- SCI à l’IR : transparence fiscale. Les revenus fonciers remontent chez les associés. Simplicité, mais pas d’amortissements comptables.
- SCI à l’IS : société soumise à l’impôt sur les sociétés. Amortissements possibles, base imposable réduite sur les loyers, mais vigilance sur la plus-value à la revente et la double imposition si distribution.
- SARL de famille : SARL dont les associés sont parents en ligne directe ou alliés. Permet d’opter pour l’IR sur des BIC (idéal pour le meublé), tout en gardant la responsabilité limitée.
- SAS : très flexible, dirigeants assimilés salariés. Par défaut à l’IS. Rarement choisie pour de la détention simple, mais pertinente pour des montages investisseurs/services.
SCI à l’IR : simplicité et transparence
La SCI à l’IR est le cadre le plus utilisé pour la location nue. La société perçoit les loyers, déduit ses charges (intérêts, travaux éligibles, gestion, assurance, taxe foncière nette, etc.), puis répartit le résultat fiscal entre associés selon leurs parts. Chaque associé déclare sa quote-part au barème de l’impôt sur le revenu, assorti des prélèvements sociaux.
- Points forts : gouvernance simple, absence de double imposition, adéquation naturelle avec la location vide, déficit foncier imputable (sous conditions) sur le revenu global dans la limite réglementaire.
- Limites : pas d’amortissement de l’immeuble, pression fiscale croissante si les tranches IR des associés sont élevées, moins avantageuse pour des projets fortement endettés à long terme quand la base imposable remonte.
SCI à l’IS : amortir et capitaliser
À l’IS, la SCI devient un « véhicule à cashflow » : elle peut amortir le bien (hors terrain), le mobilier, certains frais, ce qui réduit la base imposable. Les bénéfices sont taxés à l’IS (taux réduit possible sur une tranche, puis taux normal). La société conserve l’argent après impôt et peut réinvestir rapidement.
- Points forts : amortissements, résultat imposable souvent faible sur loyers, trésorerie conservée pour réinvestir, pilotage type PME (tableaux, budgets, investissements).
- Limites : double imposition si distribution (IS puis fiscalité des dividendes), plus-value calculée sur la valeur nette comptable (VNC) et non sur la valeur réelle d’acquisition ; plus la détention est longue, plus l’amortissement réduit la VNC → taxation potentiellement lourde à la sortie.
En pratique, la SCI à l’IS est idéale pour des investisseurs qui souhaitent capitaliser les loyers et se distribuer peu (ou tard), ou encore pour des stratégies « buy & build » où les excédents servent d’apport aux acquisitions suivantes.
SARL de famille : le couteau suisse du meublé
La SARL de famille autorise l’option pour l’IR sur des BIC (bénéfices industriels et commerciaux), ce qui la rend très attractive pour la location meublée (courte ou longue durée). En IR-BIC, on peut pratiquer des amortissements (comme en LMNP au réel), déduire les charges et piloter finement le résultat.
- Points forts : cadre sociétaire à responsabilité limitée, amortissements BIC, transmission familiale facilitée, possibilité de rester à l’IR (translucide) tout en exploitant des activités commerciales (meublé).
- Limites : périmètre familial requis, formalisme plus dense qu’une SCI, régimes sociaux des gérants à étudier (TNS vs assimilé salarié si IS).
Pour une famille qui exploite plusieurs meublés (colocation meublée, moyen terme, saisonnier encadré), la SARL de famille est souvent une solution robuste : elle allie les BIC et une gouvernance cadrée.
SAS : flexibilité et association d’investisseurs
La SAS est très souple pour l’entrée/sortie d’investisseurs et la répartition des droits. Par défaut, elle relève de l’IS. Le président est assimilé salarié (protection sociale confortable, mais coût plus élevé). Pour de la simple détention locative, la SAS est moins naturelle, mais elle excelle quand il faut structurer des opérations complexes : prestations, management fees, participation de business angels, pactes d’actionnaires, BSPCE de services, etc.
- Points forts : statuts sur-mesure, gouvernance moderne, image « entreprise » rassurante pour des partenaires.
- Limites : coûts de fonctionnement accrus, IS systématique (sauf option temporaire IR dans des cas précis), pas d’intérêt particulier pour la détention nue simple.
Tableau comparatif synthétique
| Forme | Régime fiscal | Amortissements | Plus-value | Distribution | Idéal pour |
|---|---|---|---|---|---|
| SCI à l’IR | Transparence IR (revenus fonciers + PS) | Non | Régime des particuliers (abattements durée) | Pas de double niveau | Location vide, simplicité, déficit foncier |
| SCI à l’IS | IS (taux réduit/normal) | Oui (immobilisations & mobilier) | Sur VNC (peut être pénalisant à la vente) | Dividendes imposés chez l’associé | Capitaliser, réinvestir, peu de distributions |
| SARL de famille | Option IR en BIC (ou IS) | Oui (BIC) | BIC/IS selon option | Selon régime (IR : direct, IS : dividendes) | Meublé en famille, exploitation active |
| SAS | IS par défaut | Oui (IS) | IS (VNC) | Dividendes (PFU) / rémunérations | Montages investisseurs, services associés |
Impact cashflow & fiscalité : exemples chiffrés
Imaginons un bien ancien à 250 000 €, loyer 1 200 € CC, charges non récupérables 150 €/mois, taxe foncière nette 1 000 €/an, intérêts annuels 6 000 €. Deux trajectoires :
- SCI à l’IR : résultat foncier = loyers nets – charges réelles. Les intérêts écrasent le résultat au début (peu d’impôt), puis la base remonte au fil du temps.
- SCI à l’IS : amortissements (par ex. 1,5 % à 2 % de la valeur bâti) viennent lisser et minimiser la base imposable → IS modéré, trésorerie conservée en société.
Effet de réinvestissement : la SCI à l’IS qui distribue peu accélère l’accumulation d’apport interne. À l’inverse, en SCI à l’IR, si les associés sont en tranches marginales élevées, la ponction annuelle peut réduire la capacité de réinvestir.
Plus-values à la sortie
- SCI à l’IR : régime des particuliers (abattements pour durée), exonérations possibles selon cas. Souvent favorable sur long terme si on vise la revente.
- SCI à l’IS : calcul sur la VNC. Après 15–20 ans d’amortissements, la base peut être élevée → impôt plus lourd à la cession. On privilégie alors la conservation longue, les refinancements ou la cession de titres avec structuration.
- SARL de famille IR/BIC : logique BIC (amortis) ou IS selon option ; anticiper la fiscalité en cas de cession d’éléments d’actif ou de titres.
- SAS : IS sur la société ; en cession de titres, étudier la fiscalité des actionnaires (PFU, exonérations spécifiques).
Gouvernance, social & banque
- SCI : gérance souvent TNS si rémunérée. Souplesse statutaire. Banque habituée à financer ces schémas.
- SARL de famille : gérant majoritaire TNS (cotisations moindres mais couverture différente). Cadre robuste pour l’exploitation meublée.
- SAS : président assimilé salarié (cotisations plus élevées, meilleure protection). Image corporate, utile pour des partenaires institutionnels.
Côté banque, les SCI sont très familières au crédit immobilier. Les SAS peuvent être mieux perçues dans des projets hybrides (immobilier + services) mais exigent des justificatifs plus « entreprise » (business plan, comptes prévisionnels).
Transmission & pactes
Les sociétés apportent un atout majeur : la démembrement de parts, les pactes entre associés, la possibilité d’organiser la gouvernance sur mesure (droits de vote/droits financiers). En famille, la SARL de famille et la SCI permettent des montages fins pour transmettre progressivement tout en gardant le contrôle.
Cas d’usage recommandés
- Location vide long terme : SCI à l’IR pour la simplicité et le régime des particuliers à la sortie.
- Stratégie cashflow & réinvestissement : SCI à l’IS, distributions limitées, amortissements, effet boule de neige.
- Meublé en famille (LMNP/LMP-like) : SARL de famille à l’IR en BIC, amortissements, gouvernance familiale.
- Projet immobilier + services (coliving, conciergerie, levée d’investisseurs) : SAS pour la flexibilité et la structuration des entrées/sorties.
Erreurs à éviter
- Choisir l’IS sans modéliser la plus-value à la sortie.
- Oublier les cotisations sociales selon le mandat et la rémunération du dirigeant.
- Négliger la rédaction des statuts (clauses d’agrément, cession de parts, pouvoirs).
- Confondre cash disponible et résultat fiscal : l’IS lisse le résultat mais ne fabrique pas du cash ex nihilo.
FAQ rapide
- Peut-on passer de l’IR à l’IS ? Oui, mais l’option est a priori irrévocable. Mesure l’impact longue durée avant de trancher.
- La SARL de famille est-elle limitée au meublé ? Non, mais elle brille dans les activités BIC (meublé, para-hôtelier). En simple nue, une SCI peut suffire.
- La SAS est-elle surdimensionnée pour un studio ? Oui, sauf si tu ajoutes des services/associés et une logique d’entreprise.
- Qui décide des distributions en IS ? L’assemblée. En pratique, limite les dividendes si tu souhaites accélérer le réinvestissement.
Conclusion
Aucune forme n’est « meilleure » en soi. Le bon choix dépend de ta stratégie : viser la rente et la simplicité (SCI IR), capitaliser et réinvestir (SCI IS), exploiter du meublé en famille (SARL de famille IR-BIC), ou bâtir un véhicule d’investissement/ services (SAS). Prends le temps de modéliser l’effet cashflow et la plus-value à la sortie — c’est là que se joue 80 % de la différence.
Accéder au formulaire